« En 2017, nous clôturions avec White Dog le cycle de la censure. Quatre spectacles qui mêlent l’intime et le politique et mettent en scène les figures tutélaires de Camille Claudel et Romain Gary comme mythes contemporains susceptibles d’éclairer notre réalité.
A l’issue de ces cinq années d’un voyage dans les méandres de l’âme humaine, nous ressentons aujourd’hui la nécessité d’aller ailleurs et de modifier radicalement notre geste de création. Un désir de prendre comme point de départ, non plus le récit d’une trajectoire de vie connue, mais le principe de manipulation même, comme moteur de l’écriture.
Surgissent alors les contours de notre poème épique.
Fait de la chair de nos marionnettes, de nos pensées les plus intimes, de nos guerres – victoires et défaites comprises – de nos ombres et de leurs métamorphoses, et guidé par la parole des poètes.
Deux ans avant une première, entre l’excitation et la peur. Amoureux fous, déjà, de cette nouvelle aventure. »
« Pour une victoire qui séduit ton âme un instant, Tu vas tenter encore le hasard des batailles. » KLEIST
Tant qu’il reste de l’ordre de la pensée secrète, le désir tisse ses filets dans notre inconscient, s‘accommode du réel, trouble la surface de l’eau sans réellement faire de vagues. Il est parfois le moteur de l’action, mais il se cache, il se tait, il se dissimule.
Le désir avance masqué.
Un long désir sans voix dont nous observons les métamorphoses.
Puis vient le moment de l’aveu. C’est le nœud dramaturgique du poème. Pourquoi maintenant ? Pourquoi ici ?
Quelque chose existe, qui ne pouvait plus être tu.
Entre quête d’absolu et geste désespéré, oser dire le désir est un acte fou.
A partir de ce jour, le monde s’ouvre en deux, laissant apparaitre les monstres. Toute tentative de refermer la faille est vaine. Les palais s’effondrent, les têtes tombent, les bêtes de la mer surgissent.
L’énonciation du désir, c’est toujours une bombe sociale.
Sur le plancher du théâtre, Éros et Thanatos se défient et mettent en jeu l’équilibre des choses. Nos guerres, nos fantômes, nos masques. Le poème se déroule. L’ordre établi vole en éclat.
Qui clôturera l’épopée ?