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matin et soir

à demain mon amour
Crea
2025
Résidences & coproductions

Note d'intention

Travailler sur le vertige q’on ressent quand on réalise qu’on est à la moitié de sa vie

« Avec ce spectacle, j’aimerais travailler sur ce moment où on réalise qu’on a déjà vécu la moitié de sa vie. J’aimerais partager le vertige qu’on ressent quand on comprend concrètement que la vie est brève, et qu’elle nous coule entre les doigts comme du sable sur une plage. J’imagine ce spectacle comme une invitation à la contemplation du temps qui passe, comme on contemple les vagues sur la mer, naître et mourir de manière immuable. Quand j’étais petit, comme beaucoup d’enfants, j’étais parfaitement au présent. En grandissant, je pensais parfois un peu au lendemain, mais d’autres idées plus importantes m’arrivaient vite en tête et le temps que j’avais devant moi m’importait peu, ça me semblait infini. A vingt ans, j’écoutais des amis deux fois plus vieux que moi me raconter leur vie, et j’entendais des choses que je ne comprenais pas. En arrivant à cet âge, certaines de ces choses me reviennent par bribes, et je commence à comprendre un peu le sens de ce qu’ils me racontaient. Je ne pouvais pas comprendre plus vite, et heureusement peut-être. Je pensais comprendre ce que signifiait être âgé. Mais en commençant à vieillir, je vois bien que je n’avais rien compris du tout. Aujourd’hui encore quand j’écoute les anciens, je ne dois pas mieux comprendre, et il va falloir que j’attende encore pour que ça soit un peu clair…

Avec ce spectacle, j’aimerais partager autant l’effroi face à la sensation du temps qui passe, que l’élan qui nous pousse à profiter de la vie et à aimer ceux qui nous entourent tant qu’on peut les aimer. Aimer mon enfant tant qu’il est tout petit, le regarder grandir, et grandir avec lui. Aimer mon père tant qu’il est encore là, le regarder vieillir, être là pour lui comme il a été là pour moi.
Je voudrais partager l’émotion que je ressens quand je regarde mon père et que j’imagine l’enfant qu’il était, quand il ne se posait pas ces questions. Je regarde cet adulte qui est encore un enfant, un enfant enfermé dans un corps qui vieillit. J’aimerais partager ce que je ressens quand je regarde mon fils et que j’imagine la grande personne qu’il va devenir, quand il sera à son tour envahi par ces questions. Quand il sera adulte quel homme sera-t-il ? Et mon père, quel homme sera-t-il ? Quel homme est-ce que moi je serai ? Matin et soir emprunte son titre au roman éponyme de Jon Fosse, dans lequel l’auteur met un scène la naissance et la mort d’un même personnage. En juxtaposant ainsi ces deux extrémités de la vie, il nous montre de manière poétique la brièveté de celle-ci, et sa préciosité.

Comme pour chacune de mes créations, cette recherche part d’émotions qui me traversent de manière récurrente. Ce ce qui me passe part la tête, dans le ventre, ce qui me préoccupe matin et soir, au point de vouloir en faire quelque chose sur le plateau. Il y aura donc une source très personnelle dans cette histoire, et je puiserai dans ce que j’ai vécu ou observé. Mais comme pour chacun de mes spectacles, une fable s’écrira autour de ces réflexions intimes, pour en brouiller les pistes. Différents artistes viendront enrichir le propos de leurs propres expériences, apporteront d’autres références et d’autres langages pour élargir le propos afin que le spectateur puisse à son tour y projeter sa propre histoire. »

Pierre Tual

Distribution

Mise en scène et interprétation Pierre Tual
Collaboration à la mise en scène Guillaume Hunout
Collaboration artistique Mila Baleva
Texte Manon Thorel
Chorégraphie Thomas Chopin
Marionnettes Polina Borisova

Soutiens

Production À demain mon amour
Coproductions et résidences La Halle Ô Grains – Ville de Bayeux, Le Sablier – Centre National de la Marionnette, Ifs, Le Théâtre à la Coque – Centre National de la Marionnette, Hennebont, Le Théâtre – Centre National de la Marionnette, Laval, Centre Odradek – Lieu compagnie missionné pour le compagnonnage marionnette, Quint-Fonsegrives