Visite de chantier le mardi 14 décembre à 19h
En 2015, j’ai entrepris la création d’un cycle que j’ai nommé Grand cycle de l’endurance, avec la mise en scène du roman de Jean-Bernard Pouy, 54×13. Ce spectacle raconte l’échappée d’un coureur cycliste lors d’une étape du Tour de France, jambes et tête pédalant de concert. Il s’agit d’un corps à corps entre un comédien et une petite figurine faite de métal et tissu. Ce spectacle qui a obtenu l’APD de la DRAC IDF a joué plus de 50 fois et continue de tourner.
A l’approche des Jeux Olympiques de 2024, je souhaite poursuivre mon travail sur l’endurance avec un nouveau projet de spectacle en abordant des sujets qui me semblent importants : l’athlétisme féminin, la vitalité dans l’effort sportif, les gestes qui bousculent la normalisation des désirs et surtout, l’endurance. Car, être endurant, c’est ne pas avoir peur de vivre. C’est un rapport au temps différent. C’est donc un état d’être poétique. Parler de l’endurance, c’est parler de notre rapport au monde et au temps. C’est retrouver le souffle de vie qui nous fait suer et sourire en même temps. C’est s’encourager à se dépasser pour le plaisir juste, pour la nécessité d’être, pour la liberté d’être. Le projet 2h32 semble aller de soi.
Pour 54×13, j’ai écrit scéniquement une relation singulière entre un acteur constamment en mouvement et une figurine immobile. C’est dans cet « entre » que se déploie le spectacle, propre à un imaginaire personnel et collectif. Avec ce nouveau projet, je souhaite poursuivre cette recherche, sur ces « entres », ces géométries de l’invisible et du sensible. Et parce que je rêve assez peu en images mais en actions, j’aime « charger » le plateau avec des présences, des énergies : sculptures de fils, acteurs/actrices, musiques, mêler le vivant et l’inerte de façon artisanale, non démiurgique, m’incluant la plupart du temps, semblable à un coach entre le terrain et le public.
Enfin, il m’importe de mettre en exergue avec ce nouveau projet, le concept de courage : le courage de celles et ceux qui courent, de celles et ceux qui ragent, le courage de celles et ceux qui vont faire des ménages dans des hôtels pour simplement vivre, le courage de celles et ceux qui luttent, qui chutent, qui se relèvent et avancent encore dans un élan vitaliste, le courage de celles et ceux qui par le corps et le souffle invitent à des gestes hors-normes de solidarité sans retours, le courage de celles et ceux qui bravent la facilité et le confort pour tendre poitrines, mains, hanches face au vent et à la vie aussi dure ou exaltante qu’elle puisse être.
Quand j’ai appris l’assassinat de Zenash Gezmu, j’étais entrain de travailler sur une adaptation pour la scène du roman La Horde du Contrevent de mon ami Alain Damasio. Alain m’a dit un jour qu’il avait voulu mettre à La Horde du Contrevent, un sous-titre qui se serait intitulé : Essai sur le courage. Ce sous-titre résume parfaitement mon désir théâtral : un essai scénique sur le courage.
– Guillaume Lecamus – janvier 2020 –