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2027
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NOTE D'INTENTION

Le Deuil : déni, colère, marchandage, dépression, acceptation.

-196°C parle du deuil et du déni qui l’accompagne. Comment faire face au deuil et comment l’accepter ? Qu’est-ce que le déni nous pousse à faire ? Quelles alternatives au manque existe-t-il ? Et quels sont les pièges dans lesquels on peut tomber quand la véritable acceptation n’est pas encore possible ? Comment notre cerveau met en place des stratagèmes pour lutter contre une réalité trop brutale et en vient à déplacer le curseur de « l’acceptable » pour pallier le manque. Dans les étapes de ce que compose le deuil mon attention s’est posée sur la notion du déni. Et plus particulièrement sur ce petit espace qui émerge dans le mur. Une manière de se cacher dans la fissure de l’attente pour échapper à la réalité glaciale de la mort. Plutôt que de contempler la situation dans son intégralité et de l’accepter.

Ce spectacle expose l’histoire d’un homme qui, rongé par la douleur de la mort de sa femme, repoussera les limites de l’acceptable pour repousser son deuil final. Mais surtout ici, comment cet homme restera coincé en phase de marchandage avec lui-même, perturbé par une inconnue de taille : sa femme pourra-t-elle être un jour ramenée à la vie par la science ? Les réactions en chaine créeront une dissonance cognitive qui l’empêcheront de sortir indemne de cette histoire. Ainsi commence l’effet boule de neige : l’effet emprunte son nom à l’analogie possible avec une petite boule de neige qui si on la laisse dévaler une pente neigeuse peut vite devenir une énorme masse accumulée au fur et à mesure de sa course. Comment un évènement mineur prend des proportions gigantesques : comment un soir de neige se termine par la mort de deux individus.

La situation dans laquelle le protagoniste se trouve est d’autant plus complexe qu’il n’a aucune idée d’où est le corps de sa femme. Comment peut-on commencer son deuil quand l’annonce même de la mort n’est pas évidente. Être dans le flou et dans l’espoir du retour d’une potentielle disparue affecte nos idées et stimule le cerveau à créer des hypothèses des plus inattendues.
Au cours de mes recherches j’ai été amené à me pencher sur les motivations et les processus qui mènent à la cryogénisation. J’aime énormément le terme qui est rattaché aux personnes cryogénisés qui ne sont pas traitées comme des morts mais comme des “patients” à la fois au sens clinique, mais également en termes de “patients” liés à la notion d’attente. C’est à -196°C que les corps sont congelés, créant des structures moléculaires de glaces à court rayonnement n’abimant pas les tissus corporels le jour où ils seront revenus à une température ambiante. L’eau est porteuse de vie et de mouvement perpétuel, et à l’inverse l’image de la glace est celle de l’immobilité et de l’arrêt. L’eau sous toutes ses formes porte ainsi en elle plusieurs imaginaires.

Je questionne également la capacité qu’a l’artificiel à générer une réalité propre, tout en explorant comment le cerveau peut y répondre en s’ajustant à cette nouvelle conception. La quête de l’authenticité dans l’artificiel soulève des questions captivantes sur la nature même de la perception. C’est la dissonance cognitive qui aide le protagoniste à y croire. Interrogeant même la façon dont la réalité authentique peut, à son tour, prendre des contours irréels. Trouver une alternative comme pansement de l’âme.

Distribution

Mise en scène et scénographie Maxence Moulin
Écriture Mélanie Le Moine et Maxence Moulin
Collaboratrice artistique Luana Montabonel, Mélanie Le Moine, Pacal Blaison
Construction décor Ionah Melin
Construction marionnettes Maxence Moulin et Pascale Blaison

En téléchargement