Théâtre de marionnettes, d’ombres et musique – Tout public
Á découvrir pendant le festival RéciDives 2023.
UNRAVEL : verbe anglais signifiant
– se défaire, s’effilocher, se détricoter
– démêler un nœud
– éclaircir, élucider, résoudre -déchiffrer un mystère de l’univers -perdre ses moyens, se décontenancer
Avec la création de Theatrum Mundi en juin 2019, j’ai amorcé un croisement des disciplines en incluant le costume et la musique comme éléments centraux, au même titre que la marionnette. Avec cette prochaine création, je souhaite pousser plus loin l’exploration de cette pluralité de langages avec comme base, non pas un texte classique de Shakespeare, mais une partition. L’enfant et les Sortilèges est un joyau de l’opéra français du début du XXème siècle, et sa dimension onirique et marionnettique semble la parfaite toile de fond pour cette exploration multilingue. Il semble même que cet opéra, par sa dimension mystérieuse, permette d’explorer plus largement le thème de la colère qui gît en chacun de nous, au plus profond de la forêt de notre inconscient.
La musique elle-même comme point de départ, mais aussi le thème de cet opéra m’intéressent depuis bien longtemps : celui d’un petit enfant puni parce qu’il fait une colère. Elle est encore tout à fait actuelle (si mon expérience de maman de deux jeunes garçons en fait foi). Elle résonne avec d’autres textes sur l’enfance tels que Max et les Maximonstres, par exemple, ou Grosse Colère de Mireille d’Alancé.
Mais ce qui me semble particulièrement intéressant est de retourner la situation et de mettre au centre ce sentiment de colère. Dans l’opéra original, le moment de la colère arrive très tôt dans l’histoire et dure une minute. Tout le reste de l’histoire n’est qu’une série de réprobations menaçantes de la part des objets cassés et des animaux, jusqu’à ce que l’enfant se repente. Cette vision très judéo-chrétienne de l’éducation semble mettre un couvercle sur les sentiments jugés inacceptables et floute les vraies questions qui se posent autour de la colère : que cache-t-elle? Qu’exprime-t-elle?
C’est pourquoi il m’a semblé important, même si l’opéra était le point de départ, de m’éloigner de l’histoire, et de créer une trame nouvelle qui permettrait, tout en gardant la musique de Ravel, de traiter plus en profondeur du sentiment même de la colère mais surtout du voyage initiatique de l’enfant et de l’exploration de ses sentiments, en y apportant une touche plus contemporaine. Nous avons donc fait une commande d’écriture à Nancy Guilbert, autrice jeunesse de renom, qui nous permettra d’aller jusqu’au bout de nos recherches sans nous compromettre.
Après mon expérience intense de « femme orchestre » seule au plateau, je souhaite travailler avec plusieurs personnes et explorer le travail d’équipe, magnifié particulièrement en musique !
Nous serons donc trois sur scène: moi, Lucie Cunningham, le musicien Pierre Boespflug et le comédien marionnettiste Enzo Dorr.
Ce spectacle mélangera de la musique jouée en live et de la marionnette, notamment de la gaine chinoise, de l’objet transformé et de l’ombre. Je souhaite que ce spectacle s’adresse à tous les publics.Le spectacle se composera de deux parties distinctes. La première dans la chambre de l’enfant, entouré de ses jouets, comme dans une maison de poupée. C’est à cette occasion que nous aurons l’opportunité d’utiliser les jouets comme marionnettes mais aussi comme instruments de musique. Ce sera une partie très concrète ou l’Objet aura la part belle. Elle est censée représenter l’univers palpable de l’enfant, l’univers « réel » et confiné de son quotidien et de ses cadres.
La deuxième partie, originellement dans le jardin, permet une exploration plus poétique et symbolique du voyage de l’enfant. Elle suggère une forêt, la forêt infinie de son inconscient. C’est là qu’il va vraiment pouvoir accéder à sa colère et ses sentiments les plus profonds et entamer sa quête initiatique. Cette partie se fera en ombre. Cette technique contraste parfaitement tant au niveau du matériel / immatériel qu’au niveau du « fini » de la chambre de l’enfant et de l’infini de son imagination. Par son imagination, il peut s’envoler au-delà de ses cadres en un ciel intérieur sans limites.