Lors d’une résidence à Bruxelles, Benoit Faivre et Tommy Laszlo trouvent sur les puces de la place du jeu de balle un album photo exceptionnel. Un livre grand format consacré à la vie d’une femme née en 1933, de sa naissance à son mariage. Beaucoup de belles photos, organisées avec soin. Un très beau travail de collages, de découpages, et même de dessins. Ils achètent cet album.
En feuilletant les pages, ils découvrent que, sous une apparence un peu candide, cet album contient des détails plus sombres. Plusieurs drapeaux nazis, un père gradé de la Luftwafe mystérieusement disparu en 1945, l’immigration de la famille en Belgique à la fin de la guerre.
Une rencontre avec un album qui les fait entrer dans la vie d’une jeune femme aux prises avec les remous de l’Histoire. Une jeune femme dont la vie s’échoue sur les pavés d’une brocante de Bruxelles, dont l’histoire devient le point de départ d’une enquête documentaire pour questionner l’héritage de chacun par rapport au son passé, qu’il soit individuel ou collectif, imaginaire ou réel.
L’OBJET COMME DOCUMENT : UNE IDENTITE ARTISTIQUE
Depuis sa création en 2007, La Bande Passante s’est engagée dans une exploration des objets en tant que témoins d’histoires humaines à haute portée poétique. Pour la Cie, les objets sont comme des éponges qu’il convient de lire pour en accueillir les histoires et les possibilités plastiques. Plus que des outils d’illustration, il s’agit de véritables porteurs d’histoires.
Avec Compléments d’Objets, la compagnie a exploré la possibilité que les objets nous enregistrent. Avec Cockpit Cuisine, spectacle accueilli par le Sablier à Ifs et sur le festival RéciDives, elle reconstituait la vie d’un passionné de cinéma aux travers des oeuvres dissimulées dans sa maison.
Un peu à la façon de l’Archéologue, La Bande Passante considère les objets comme des documents, grâce auxquels nous n’allons pas chercher une vérité, mais imaginer de nombreuses possibilités narratives et formelles, au gré de notre imaginaire et de notre inspiration.
Les créations de la compagnie, par cette action de rencontre, d’imprégnation et de détournement des objets, créent une confusion poétique entre le réel et la fantaisie, entre le documentaire et la fiction.